06. ENTRE CHAT ET CHIEN

ENTRE CHAT ET CHIEN
  
  
              Le téléphone mobile restait étaient, silencieux, sourd et muet. Il fallait le recharger. Armelle maudit pêle-mêle la batterie, le progrès et les voleurs des compagnies de télécommunication, qui vendent fort cher du matériel souvent peu efficace. Elle chercha le chargeur, puis relia l’appareil à une prise électrique. L’appareil bipa après quelques secondes, et enfin un voyant commença à clignoter.
              Dehors, il bruinait. Elle enfila ses bottes en plastique, ce qui fit bondir de joie le berger allemand. Il lui léchait les mains, courait jusqu’à la porte, revenait vers elle, repassait sa tête dans ses mains, et refonçait vers la porte. Il semblait dire :
-            vite, vite.. voyons !
Elle prit un vieux pardessus râpé, toute joyeuse. Le bonheur d’Obélix était contagieux. Sa joie simple plus communicative et plus convaincante qu’une bonne blague. Malgré la petite pluie fine n’était pas froide, et tout brillait dans le paysage sans soleil. L’herbe verdissait brillante, le chemin brunissait. Le mouillé collait la poussière au sol dans des tons ocre jaune et rougeâtre. Il contournait doucement le petit bois, où les fougères buvaient avidement l’eau qui gouttait de leur longues feuilles colorées de ce vert puissant qui donne envie de s’arrêter et de baigner le regard pour l’y reposer.
 
Armelle marchait sans se presser, mais sans ralentir. Marcher ainsi, faisait du bien. L’air lui donnait des forces, qu’elle ressentait inépuisables. A tort, bien sur, mais qu’importe.. seule comptait l’impression présente. Obélix pénétrait prudemment dans les fourrés, la truffe en avant le cou tendu, les pattes avant légèrement fléchies. Tout était prêt à un repli rapide en cas de surprise, ou de découverte inattendue. Puis, ne trouvant rien, ou craignant d’être distancé par sa maîtresse. Il se reculait prestement, sautait le fossé et la doublait ventre à terre. Elle lui lança, moqueuse :
-            alors, tu cherches ton copain ?
 
Elle pensait au gros crapaud doré, qu’Obélix débusquait parfois. Les deux animaux donnaient l’impression de se vouer un respect mutuel, qu’elle trouvait étonnant. Elle n’avait jamais vu le chien, mordre le batracien, qui, de son côté, ne montrait aucune peur apparente, aucun désir de fuite, ni d’agressivité envers ce mammifère poilu et inquisiteur. En outre, son territoire de chasse devait être étendu, car elle le ne voyait pas souvent au même endroit.
 
 
              En cheminant ainsi, ils finirent par arriver à proximité du dolmen. Vu le temps qu’il faisait, elle ne risquait pas d’avoir de vision. Elle sourit. Les moments magiques sont rares, sinon ils ne seraient plus magiques. Elle continua sur la route, quand des aboiements la firent se retourner. Obélix courait vers le monument, la queue en panache avec cette voix qu’ont les chiens pour avertir que quelqu’un de connu arrive dans les parages.
-            Roh ! Obéliix, viens, il n’y a rien à voir, aujourd’hui.., lui jeta-t-elle agaçée.
 
Mais le chien n’écoutait plus, il avait gravi la butte et disparut. Elle entendait juste un aboiement isolé, de temps à autre qui signalait sa présence. Elle appela. En vain. Elle dut se résoudre à grimper à son tour.
 
-            c’est moins rigolo quand on est derrière à suivre, que quand on est devant à aller où on veut ! , se dit-elle en plein effort de grimpette.
 
Arrivée près du dolmen, elle resta plantée à reprendre son souffle, cherchant du regard le cabot. Il était là à quelques mètres, de l’autre côté du dolmen, le nez en l’air, à regarder quelque chose qu’elle ne voyait pas.
 
-            enfin, Obélix, qu’est ce qu’il y a ?
 
Le chien ne broncha pas, ne bougea pas et continait à regarder fixement, malgré la bruine qui descendait toujours. La pierre grise brillait doucement, ce qui la détachait du gris terne du ciel bas. Ca le rendait plus haut que les nuages !
Se sentant moins lasse, Armelle contourna le roc, pour venir près du chien. Enfin, levant les yeux, elle vit.. ahurie, sur la pierre plate, ce qui hypnotisait Obélix.
 
 
-            Un chat ! ça alors, tu parles d’une découverte ! tu me fais monter jusqu’ici pour voir un chat ! tu exagères là, Obélix.
 
Elle fit mine de partir mais le chien ne la regarda même pas. Il regardait le chat. Roux, zébré de blanc par endroit, un poil mi-long qu’on devinait soyeux, il était en train de faire sa toilette juché sur le dolmen et sous la pluie. Armelle l’observa. Le matou avait interropu sa toilette pour la fixer, comme dans l’attente d’une décision. Assis, la tête baissée, il regardait dans sa direction, la patte droite en l’air, les oreilles légèrement inclinées en dehors sur les côtés. Puis, ayant décrété, qu’il n’y avait ni danger, ni urgence, il se remit à se lécher du garrot vers le thorax, sans doute à l’endroit même, où l’arrivée d’Armelle l’avait dérangé.
              Elle était abasourdie par le calme du félin, et admirative devant sa beauté. Il avait l’air d’un fauve que rien n’intimidait, et qui trônait sur un royaume. Elle avait un peu l’impression d’être de trop. Mais que faisait-il ici ? l’endroit n’était guère propice à la chasse, à part quelques mouettes rieuses qui passaient parfois, les environs du dolman, ne pouvaient rien abriter de consistant pour un chat. Et celui-ci ne semblait pas famélique ! il passait la paétte par dessus l’oreille avec énergie, comme si la salive imperméabilisait ses poils. Simple, précis, il finit tranquillement sa toilette, sans s’émouvoir ni du temps qu’il faisait, ni du public qui l’observait.
-            Dis Obelix, t’as pas l’impression qu’on a l’air un peu malade, à regarder un chat sous la pluie ? fit-elle le visage mouillé.
 
Mais le matou s’était levé et avait disparu derrière, et le chien s’était précipité. Elle courut à son tour, juste le temps d’apercevoir la queue du berger allemand passer entre deux pierres sous la table du dolmen. Elle s’approcha prudente, puis entra. La visibilité était faible.
-            au moins, on est à l’abri.
 
Le sol faisait une pente douce. Les deux animaux s’étaient éclipsés. Ca dexcendait doucement. Elle avaiçait. On ne voyait plus rien. Elle se souvenait de la vision de l’autre jour. Elle avait cru voir un tunnel de lumière jaune orangé qui faisait des ondulations. Le rayon de soleil avait du illuminer l’intérieur d’un trou ou d’un boyau. Mais en avançant, elle trouva que cela prenait l’allure d’un tunnel.
 
 
              Elle appela Obélix. Le son s’étendit faiblement. Etrangement, il n’y avait pas de résonance. Le passage restait silencieux, et pas vraiment obscur. C’était très curieux. Il n’y avait pourtant pas d’éclairage, ni naturel, ni artificiel. Au bout d’un moment, au loin, elle aperçut un peu de lumière. Elle marchait sans avoir besoin de se baisser, se demandant où se terminerait le conduit souterrain. L’excitation la gagnait. Elle se sentait aventurière provisoire d’un moment qui trouverait sans doute bientôt son explication rationnelle et logique. Elle profita donc de ces minutes émotionnelles et farfelues qui offraient le parfum grisant de l’inconnu.
              La lumière augmentait, laissant devinant une issue proche. Armelle distingua des formes, vit Obélix assit, semblant l’attendre et le chat un peu plus oin, couché près de ce qui devait être une sortie. Les deux animaux affichaient un calme olympien. Le contraire aurait sans doute affolé notre héroïne, qui, du coup, aurait panique devant l’inconscience d’une telle promenade. Lorsqu’elle arriva à la hauteur du chien, le chat se leva et disparut dans la lumière. Obélix le suivit et Armelle s’engagea. Elle cligna des yeux, sentit l’odeur de la végétation et entendit des bruits citadins. Il lui fallut s’accrocher avec les mains pour sortir du trou, se trouva environnée de buissons et de fourrés. Derrière elle, se tenait un haut mur blanc. Passant sous deux buissons, elle parvint à temps pour voir Obélix sauter par dessus une grille. Elle longea celle-ci, et ne trouvant pas de porte, prit appui sur le muret, pour escalader à son tour cette barrière pas trop haute heureusement. Elle se frotta les mains, en soufflant un peu.
              Elle observa les environs. C’était un petit square plein d’ombres que protègeaient des ormes et des platanes. L’endroit clôturé qu’elle venait de quitter, était en fait un monument aux morts honorant les poilus de la Grande Guerre. L’entrée du souterrain était derrière le grand mur qui étalaient en lettres dorées, le nom des braves tombés au champ d’honneur pour la France. On y voyait le nom de la ville.
Armelle eut un coup au cœur.
 
 
              Elle ne connaissait pas cette ville. C’était impossible, elle n’avait pas parcouru tout ce chemin à pied. C’était une erreur. L’insciption sur le monument était surment incomplète. Elle sentit dans sa main, le museau d’Obélix, qui cherchait à l’entraîner. Elle le suivit un peu hébétée. Il sortirent du square. Elle aperçut alors le chat qui traversait tranquillement la place puis la rue à l’ahtre bout, passant au milieu des voitures avec un aplomb que seule l’expérience ou l’inconscience peuvent donner. Le maton entra dans une boutique. En s’approchant un peu Armelle put lire :
 
              «  La Ruche Aux Mots »
 
-            Bon, ben on est bien avancé maintenant.. elle regarda son chien.
 
Il s’était assis tranquille. Il la regardait de ses yeux noisette, les oreilles bien dressées, la gueule entrouverte, la langue bougeant dans un peit aller-retour significatif, et l’air franchement satisfait de lui, quêtant un signe de remerciement ou de récompense.
 
-            t’as chaud, maintenant ! t’as l’air malin, tiens.. et maintenant, on fait quoi, hein..
 
Il se mit à gambader autour d’elle, puis alla marquer son nouveau territoire, au pied d’un panneau d’affichage, où Armelle lut une nouvelle fois, le nom de la ville. Elle frémit. Impossible. C’était un cauchemar. Il fait se réveiller. Il fallait retourner à Brocéliande. Elle se mit à reculer vers le peit parc. Il y avait personne. Heureusement, il était trop tôt pour que des gens viennent se promener ici. Elle tenait Obélix par la peau du cou pour qu’il ne reparte pas. Quand ils furent près de la grille protégeant l’arrière du monument. Elle parvient à se hisser. Vraiment pas pratique ces bottes pour ces exercices-là. Obélix n’eut qu’un bond à faire. Elle retrouva l’entrée..
 
 
              Quand ils furent à la maison, il faut manger. Visiblement, le chien-loup avait, comme Armelle, une faim de loup ! ensuite l’aventurière s’affala dans son fauteuil. Elle était épuisée, mais encore énervée par sa découverte. En quelques minutes d’un souterrain, elle pouvait aller dans un autre lieu lointain de la bretagne. C’était prodigieux. Elle essayait de se convaincre qu’elle avait rêvé, qu’elle délirait. Elle n’y parvenait pas. Et puis le chien lui. Et ce chat ? n’importe quoi.. la fièvre sûrement.
-            j’ai dû attraper du mal, en allant là-bas sous la pluie.. c’est idiot. J’ai jamais déliré comme cela.
 
Soudain elle remarqua son téléphone mobile. Il ne clignatait plus. Il était chargé. Elle pourrait appeler le docteur. Prendre un rendez-vous. Oui c’est cela, prendre un rendez-vous. Ça c’est du réel, du solide. Reprendre contact avec la réalité. Elle alluma le mobile, fit son code. Il s’éclaira et mis le message qui attendait toujours d’être lu sur l’écran.
-            ah lui, c’est vrai, le SOS !
Elle lut alors, le nom de la villle suivi de « La Ruche Aux Mots » et suivi d’une phrase :
« peux-tu venir ? » signé : le Professeur Trognon ».
Elle regardait sans comprendre, les yeux écarquillés. Le message brillait doucement. Il n’avait pas l’air bien méchant, pourtant.
 
              Le lendemain, elle refit le trajet. Et revint. Puis répondit au message.
 
 
à suivre..
 
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